Wednesday, May 23, 2012

Maker Faire



Vous ne savez pas ce que c'est kickstarter? DIY? un hackerspace? Les makers? Un garage? L'open hardware? Le mouvement steampunk? Qui est Richard Stalman? On n'a pas tous eu la chance de travailler et de vivre en face d'un barbu, allumé certes, mais partageur.
Pour ceux qui n'ont strictement rien compris à ce premier paragraphe, ce n'est pas grave, on recommence. Ce week-end sur la côte West des USA, l'Evénement, c'était la Maker Faire, la foire intergalactique des bricoleurs-partageurs. Et ce qui tombe assez bien, ça se passait juste au coin de notre rue. Nous avons donc pris des billets, notre week-end, nos vélos et le chemin de la Faire.

À quoi fa fert, la maker faire?

On peut y aller pour voir des gens montrer ce qu'il font dans leur garage à la place de regarder la télé, comme tout le monde. Et il n'y a aucune limite, juste aucune.
Il y a les scientifiques, qui se construisent un sous-marin pour aller explorer l'océan - ils ont confiance dans leurs soudures. Ceux qui envoient des navettes autonomes à 30km d'altitude, des fusées pour moins de 3500$. Ceux qui font muter des bactéries et je ne sais quoi dans des cuisines/labos. Ce sont les garagistes de la Science.
Ceux qui pensent que plus c'est grand et que ça fume, plus c'est beau. Ils se lancent dans de gigantesques  constructions en métal qui crachent des flammes dans tous les sens. Ce sont les garagistes allumés. Ils ont des amis, qui s'amusent à faire des engins télécommandés blindés hyper violents, qui se rentrent dedans. Ce sont les garagistes défoncés.
Il y a les garagistes de l'éléctronique, qui s'amusent comme ils peuvent à faire des robots qui bougent, des bidules qui parlent, des trucs qui pètent. Les garagistes courcicuités. Les voisins des garagistes qui font dans le télécommandé, qui vole, qui roule, qui nage, qui chenille, qui rampe. Les RG (remote garagist).
Ceux qui donnent dans la fringue, tendance délire, tendance victorienne, tendance Tim Burton, tendance "je fais ce que je veux". Ce sont donc les garafripes.
Ceux qui trouvent que le vélo, c'est rigolo. Surtout quand on le fait en bois, avec des roues excentrées, en carbone du 23eme siècle, en bambous pourris, à étage, en horloge. Ce sont les garagistes avec une petite bicyclette dans la tête.
Une Harley en bois et sans moteur
Les garagistes en blouses blanches, qui viennent renverser des mentos dans une centaine de bouteilles de coca pour un spectacle de folie. Les garagistes cokés.
Et on pourrait continuer pendant des pages et des pages, la maker faire, c'est juste un nombre dingues de gens qui font de trucs de fous et qui viennent les montrer.

Voir, c'est bien, mais c'est pas complètement le but, non?

Ça me plaît de voir qu'il y en a qui suivent. Le vrai but du jeu c'est de montrer comment on fait les choses et de proposer à tous le monde de participer. Le leitmotiv est plutôt: "tout ce que vous voyez ici, faites le à la maison, n'hésitez pas."
Lucie a passé des heures sur une machine à coudre, puis à fabriquer un brush bot (? - Google) ou à couper/plier/souder du métal. On pouvait aussi apprendre à forcer une serrure (en douceur), fabriquer une bague, un fusée à air comprimé, une structure qui tient des secousses sismiques, des bracelets, des robots, des films...
La Faire ne durait qu'un week-end, mais en deux jours là-bas, on n'en a vu qu'une infime partie.
Gavin donne deux trois tuyaux à Lucie
pour fabriquer sa cape



Et en avant la couture!
Machines à disposition...
Les crocs de Lucie
et les chaussettes de Michelle






Heureusement, nous sommes dans la vallée de la silicone, et il y a plein de hacker spaces, des espaces communautaires (encore!) où un abonnement te donne l'accès à un matériel de folie et surtout des compétences qui se partagent. À ce propos, Claire s'est un peu fait remarquée par Michelle, qui donne des cours de soudure à Oakland. Un espace de métal/soudure plutôt "women oriented", comme elle dit, Michelle.
Le pissenlit des "Women Oriented soudeuses "

Un peu d'ethnologie

En tant qu'européen fraichement débarqué, il faut un peu intellectualiser tout ce phénomène. Ce qui est très frappant, c'est que le maker ne se prend pas au sérieux, dans le sens où son réflexe est de partager ce qu'il fait et comment il le fait avec tout le monde. C'est même finalement une partie clef du mouvement: partager. Par contre, s'il ne se prend pas au sérieux, il ne faut pas croire que ce soit du n'importe quoi. Le niveau technique de certaines réalisations démontre des années de travail.
D'ailleurs, l'immense majorité des réalisations n'a pas vraiment d'utilité, autre que celle de fabriquer la chose. On pourrait en venir à un dicton du barbu:"don't loose your time, do it yourself" ou plutôt du chinois:"ce qui important, ce n'est le but du voyage, c'est le chemin."
En regardant les gens autour de nous, nous pouvions observer que jusqu'à 6 ans, le maker est sérieux. Il y a un pic de compétence technique vers 17 ans (tu comprends juste pas ce que le gars il te raconte). Et ensuite, ça part en live. Genre "je suis ingénieur à la NASA et je fais dans mon garage tout ce que j'ai pas le droit de affaire au boulot" ou "c'est pas parce ce que je suis une caissière retraitée que je ne peux pas construire un robot aquatique autonome."
Deux corolaires assez rafraîchissants et loin des clichés ricains. Le premier est qu'une fois entré dans la place, la quasi totalité des activités sont gratuites (avec de temps en temps une cagnotte). On a même cherché sans succès un vendeur de machines à coudre, y'avait pas. L'autre corollaire est que si certaines activités peuvent comporter des risques assez certains, on te fait signer un papier à l'entrée et ensuite, c'est à chacun de voir (des trucs en vélo étaient juste un peu extrême). 
Au niveau vestimentaire, no comment. Prenez la plus excentrique de vos connaissances. Promis, elle passera totalement inaperçue.

Une petite série de tartes pour le dessert?

Deux jours de folie. Pour s'en remettre, il fallait aller se prendre quelques vagues, histoire de se remettre les idées en place. Ça tombe bien, dimanche soir, la mer était assez... vivante.
Et on est impatient d'aller vivre dans notre baraque au bord de la mer, car il y a un monstre atelier;)
On vous embrasse
Signé: les gros frimeurs, qui vous attendent

Vous voulez des photos (communautaires)?

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